Difficile de se mettre à la place des gens atteints de phobies. Même si personnellement je n’en souffre pas, le phénomène m’intéresse beaucoup. Il y a d’ailleurs une chose que j’ai appris durant mes recherches, c’est que toutes ne se valent pas. Si certaines dites spécifiques, comme la peur d’un animal ou d’un phénomène naturel en particulier ne viennent se manifester que sporadiquement, il en est une autre qui pourrit littéralement la vie de centaines de milliers de personnes au quotidien : l’agoraphobie.
Un mal profond
Du grec « agora », qui désigne une place publique et « phóbos » peur, l’agoraphobie est un trouble anxieux qui se caractérise par une peur panique de la fréquentation des lieux publics. Il s’agit donc d’une phobie bien plus englobante que la « simple » peur de la foule, autrement connue sous le nom d’ochlophobie. Elle toucherait, selon certaines statistiques, 2% à 3% de la population, et principalement les femmes, ce pourquoi j’ai décidé de vous en parler.
L’agoraphobe redoute le monde, et plus que tout de se retrouver dans un endroit duquel il ne peut s’échapper en cas de malaise ou autre problème. C’est un sentiment général d’anxiété et de peur qui peut tout à fait se manifester alors que l’individu se trouve seul chez lui. Peut donc en résulter un isolement prononcé et une incapacité partielle ou totale à sortir de chez soi, ne serait-ce que pour se rendre à la boulangerie du coin, prendre les transports en commun et donc aller travailler. Elle se révèle ainsi, pour la grande majorité des personnes atteintes, particulièrement handicapante dans la vie de tous les jours, d’autant qu’elle n’est pas toujours bien diagnostiquée.
Comment détecter une agoraphobie ?
Plusieurs signes permettent de mettre à jour l’agoraphobie :
- Accès de peur soudains et déraisonnés
- Tremblements
- Bouffées de chaleur
- Vertiges ou perte d’équilibre
- Difficultés respiratoires
- Peur de mourir
Au vu des symptômes, elle s’apparente donc à une grave crise de panique, l’intensité pouvant varier en fonction des personnes et du lieu dans lesquelles elles se trouvent ou s’imaginent être. Car l’un des principaux mécanismes de la phobie est l’enregistrement par le cerveau de l’endroit ou de l’événement déclencheur du traumatisme originel comme d’une situation dangereuse. Toute autre future rencontre réelle ou supposée avec cet incident incite donc le cerveau à actionner l’état d’urgence et donc la crise d’angoisse.
C’est pour cette raison que les thérapeutes préconisent, pour soigner une phobie, quelle qu’elle soit, de remonter à sa source, afin de « l’exorciser » et de faire comprendre à notre cerveau qu’il s’est trompé dans son analyse du danger. Une fois cette première prise de conscience effectuée, et la peur rationalisée, il est désormais temps de l’affronter.
Comment y faire face ?
Une fois n’est pas coutume je me permets d’insister sur un point qui me semble essentiel : l’agoraphobie se soigne, mais pas tout seul ! Le meilleur moyen de s’en sortir est ainsi de suivre une thérapie dite comportementale avec un psychologue spécialisé. Séances de relaxation, exercices spécifiques, discussions, tout cela permet non seulement de mettre des mots sur cette souffrance mais aussi et surtout d’offrir de réelles solutions.
Cependant, un énorme travail sur soi est également nécessaire pour mettre fin à l’agoraphobie. Le sentiment à évacuer en priorité est ainsi celui de l’anticipation, la « peur d’avoir peur », comme la définit une ex-agoraphobe sur son blog Vertiges de ma vie. L’un des exercices les plus importants consiste donc à ralentir le rythme de sa pensée et de son imagination pour vivre uniquement dans l’instant présent, ici et maintenant.
Une fois que l’on se sent suffisamment préparé à faire face à nouveau au monde extérieur, plusieurs règles sont à respecter pour que chaque sortie ait un véritable impact sur le processus de guérison et se passe du mieux possible :
- Leur durée doit d’être au moins une heure
- Bien laisser monter l’attaque de panique, sans essayer de lutter ni fuir les lieux. La sensation est évidemment désagréable mais finit toujours pas passer. Des techniques, comme la respiration abdominale, existent pour mieux gérer ces attaques.
- Une fois l’heure écoulée, rentrez chez vous et accordez-vous un moment de détente, fier de l’effort accompli
- Renouvelez l’opération selon la fréquence qui vous convient jusqu’à être débarrassé du problème
En plus de ce processus lent et éprouvant, il est très important, afin de lutter efficacement contre l’agoraphobie, d’observer chaque jour un moment de détente, avec une activité relaxante ou qui focalise votre attention sur autre chose que vos angoisses. Une pause nécessaire, quitte à se forcer, et qui ne doit en aucun cas être culpabilisante. Certains choisissent même de partir en voyage pour se ressourcer. Une méthode radicale, mais qui peut aussi porter ses fruits.
Certes l’agoraphobie est pénalisante et peut avoir de lourdes conséquences au quotidien, mais elle se soigne très bien. Prenez donc le temps de prendre soin de vous et laissez même vous choyer de temps en temps. La vie est bien trop courte pour la passer à s’inquiéter !