Comme tous les troubles psychologiques importants, l’hypocondrie est une véritable maladie qu’il faut traiter comme telle. Trop souvent, ce désordre inconscient lié à la peur d’une altération de sa santé prête au rire ou à l’indifférence, surtout de la part de nombreux praticiens qui n’y voient volontiers qu’une comédie. Pourtant, l’hypocondrie peut devenir réellement handicapante, et très complexe à gérer pour les proches. Voici quelques conseils pour appréhender ce mal très moderne.
Pourquoi l’hypocondrie nous entoure
La notion d’hypocondrie est à la fois très aisée et très compliquée à appréhender. Sa définition est simple : il s’agit d’un trouble psychiatrique qui consiste à se croire malade, à partir de symptômes réels (mais bénins) ou feints. Tous les Français le connaissent bien pour avoir, à l’école, étudié la pièce de Molière qui s’en inspire : Le Malade imaginaire.
Mais, en même temps, l’hypocondrie est un syndrome qui nous échappe, parce que ses causes sont obscures et son mode de fonctionnement difficile à suivre. J’ajoute qu’en outre, il n’est pas rare qu’un hypocondriaque finisse, à force de se persuader qu’il est atteint d’une affection quelconque, par se rendre réellement malade !
Ce mal, nous le croisons régulièrement, dans la culture populaire (le film Hypercondriaque de Dany Boon) ou parce qu’on nous connaissons plusieurs personnalités publiques qui en sont atteintes, comme Michel Drucker en France ou Woody Allen aux USA.
Parfois, il se rapproche de nous, suffisamment pour impacter notre existence : un membre de sa famille, un ou une ami(e) proche, son conjoint… N’importe qui peut tomber dans l’hypocondrie, à n’importe quel comment. Et alors, la maladie devient terriblement réelle et difficile à surmonter.
Reconnaître les signes de l’hypocondrie
Puisque l’hypocondrie prend l’apparence de symptômes prétendument authentiques, il peut être très complexe de se rendre compte qu’un proche est en train de le devenir, ou qu’il est déjà passé de l’autre côté de la barrière. Néanmoins, voici quelques indices qui ne trompent pas :
- La personne se plaint régulièrement de troubles, de douleurs ou de symptômes qui n’ont pas d’origine physiologique ;
- La personne éprouve le besoin de rendre visite à des médecins de plus en plus souvent, mais ses consultations et ses résultats d’analyses ne montrent jamais rien de probant ;
- La personne est sujette aux crises d’anxiété, voire de panique ;
- La personne est déprimée ou légèrement agoraphobe (elle n’aime pas sortir et panique lorsqu’elle se trouve au milieu de la foule) ;
- La personne consomme beaucoup de médicaments, et transporte souvent une véritable petite pharmacie avec elle ;
- Vous entendez les phrases suivantes sortir de sa bouche : « J’ai une douleur à tel endroit, je dois voir un médecin au plus vite » ; « Et si le docteur se trompe ? Et si le scanner ne suffit pas à trouver le mal ? » ; « Personne ne me comprend ! » ;
- La moindre douleur devient le symptôme d’une maladie grave : un poids sur la poitrine, et c’est la crise cardiaque qui se profile ; des maux de tête, et c’est certainement une tumeur au cerveau ; etc.
Les conséquences
A priori, ces signes peuvent prêter à sourire, puisqu’après tout il n’y a pas de maladie véritable derrière les plaintes et les craintes de l’hypocondriaque. Sauf que ce désordre psychiatrique est évolutif, et qu’il peut s’aggraver jusqu’à atteindre des proportions insoupçonnées.
Qu’on ne s’y trompe pas : l’hypocondrie ne consiste pas seulement à courir prendre sa température après avoir vu un reportage sur Ebola. Les symptômes, même trompeurs, existent réellement et les douleurs qui les accompagnent sont tout à fait authentiques. L’hypocondriaque souffre et, en conséquence, ne peut pas croire que les examens ne révèlent rien de probant.
Ensuite, l’hypocondrie peut mener à des troubles plus graves, comme une dépression sévère. Enfin, il existe un vrai risque de surconsommation de médicaments : le malade prend tout ce que les médecins lui prescrivent et multiplie les explorations médicales. Comme un personnage de la pièce de Molière le dit si bien : « Presque tous les hommes meurent dans leurs remèdes, et non pas de leurs maladies ».
Comment se comporter face à un hypocondriaque ?
Un hypocondriaque peut rendre l’existence de ses proches invivable : plaintes continuelles, crises d’angoisse, besoins répétés et incoercibles d’aller aux urgences, sensation d’incompréhension… Néanmoins, c’est dans la difficulté qu’il faut se montrer toujours plus présent, et savoir faire preuve d’écoute et de patience.
Sachez que l’hypocondrie ne se soigne pas (voir ici), puisqu’il ne s’agit pas d’une affection physiologique. Toutefois, des méthodes permettent d’en réduire les effets et d’en limiter l’impact :
- La thérapie : il faut encourager le malade à consulter un psychologue ou un psychiatre, et pourquoi pas à se faire prescrire un antidépresseur ou un anxiolytique ;
- L’entourage : il est indispensable de bien entourer la personne concernée, de ne surtout pas s’en détourner par lassitude ;
- Le travail sur soi : il faut convaincre l’hypocondriaque d’appliquer des techniques de méditation et d’autosuggestion pour parvenir à se détendre et à repousser les troubles.
N’oubliez pas que se sortir d’un tel trouble prend du temps… et beaucoup de courage !